Reste avec moi
Reste avec moi beau doux amour
Reste avec moi
J’aurai pour toi des tendresses
Mystiques d’adolescent
J’aurai pour toi des caresses
Gorgées de lait et de sang
Et j’aurai les maladresses
D’un jeune amant de quinze ans
Je serai prince ou princesse
Tendre agneau ou loup puissant
Reste avec moi beau doux amour
Reste avec moi
J’aurai pour toi des silences
Que seuls troubleront nos yeux
Et de tendres violences
Le corps brisé, l’âme en feu
Je n’aurai plus l’insouciance
Qui me faisait croire heureux
Car ma vie n’a d’importance
Que si tu m’aimes un peu
Reste avec moi beau doux amour
Reste avec moi
Je chanterai mon amante
Tes yeux profonds comme un bois
Où s’est noyée ma tourmente
Tes yeux qui sont à la fois :
Calices buveurs d’étoiles
Amande noisette et miel
Rivière-azur où s’étoilent
Opale et bris d’arc-en-ciel
Laisse à tes yeux leur prière
Reste avec moi beau doux amour
Reste avec moi.
Regard
Je suis ton enfant et je suis aussi ton père
Que de fois j’ai pleuré sur ton sein mes misères
Que de fois j’ai aimé sans le laisser paraître
Tes airs de p’tit’fille qui venait se soumettre
Ah, mais ce que j’aime plus que tout sous les cieux
Ce sont tes yeux, tes yeux de fennec malicieux.
Et ton regard ma mie ce long regard d’enfance
Qui prend sa source dans quelque verte souffrance
C’est lui qui fait de moi ton père ou ton enfant
Je l’aime ce regard d’eau de perles et de flammes
Car c’est par lui, par lui seul que mon âme
S’irise dans le cristal de ton âme.
Qui étais-tu?
Qui étais-tu, dis-moi, qui étais-tu avant ?
Dans une autre vie dis, ma femme ou mon enfant ?
Il y a dans mon cœur pour toi tant de douceur
Que peut-être étais-tu tout simplement ma sœur.
Mais sœur, femme enfant tu es tout en même temps
Quel est donc ce mystère qui m’obsède tant ?
– Moi, je sais – dit mon cœur –, elle est plus qu’une femme
Avant le grand éclair qui sépare les âmes
Elle était en nous et nous nous étions en elle
Elle est l’amour et la douleur originelle.
Voilà bien des vies que tu la recherchais
Depuis la nuit des temps elle aussi t’attendait
Vous n’étiez qu’un. Un seul esprit et un seul être
Avant, bien avant de mourir et de renaître
Aujourd’hui vous voilà unis et pour toujours
Si vous êtes encor dignes d’un grand amour.